jeudi 23 juin 2011

Origine de l’Homme : Dossier de «Science et Avenir» & mises au point

Dans mon précédent message je prenais soin de répondre en détail à un communiqué de Bernard Lugan sur l’origine de l’homme. Près d’une semaine après je suis toujours sans réponse de ce dernier (je lui avais transmis ma réponse par mail). Mais bon pas grave dans le présent message je reviens sur le numéro de la revue «Science et Avenir» qui a «inspiré» le communiqué de Bernard Lugan. En effet ce numéro de «Science et Avenir» contient certaines information, notamment les propos de trois chercheurs à savoir le généticien André langaney, le paléoanthropologue Wu Xinzhi et le paléoanthropologue Yves Coppens. Dans le message je confronte certains éléments de ma précédente réponse à Bernard Lugan aux propos de ces trois chercheurs de mon afin d'une de m’adonner à quelques mises au points aussi sur bien sur les propos des présents chercheurs en question que sur le contenu de mon message précédent.

1. André Langaney et la question de «l’Ève africaine»

Le généticien André Langaney
Cette question mérite qu’on y revienne car entourée de quelques menues confusions. Dans mon précédent message j’avais précisé deux choses, premièrement que «l’Ève africaine» désigne en fait «l’Ève mitochondriale» à savoir le dernier ancêtre féminin des mitochondries des populations humaines actuelles. Sous un schéma expliquant le mode de transmission des mitochondries par la mère et non pas par le père, j’avais précisé que «l’Ève mitochondriale» n’a pas à être, et n’est pas, la seule femme de son époque à avoir eu une descendance jusqu’à aujourd’hui. Cela signifie simplement que c’est la seule femme à avoir transmis ses mitochondries jusqu’à aujourd’hui via une descendance féminine.

Cette précision s’avère nécessaire, car dans l’esprit de certaines personnes «l’Ève mitochondriale» serait réellement l’ancêtre féminine unique de son époque, certaines personnes y voyant même la confirmation du mythe de la création tel qu’on le trouve dans la Bible. À ce titre dans une interview du présent numéro de Science et Avenir le généticien André Langaney revient sur la personne à qui l’on doit le terme «d’Ève africaine» à savoir Allan Charles Wilson, personne religieuses très pieuse qui selon André Langaney, avait avec l’appellation «d’Ève africaine», narré un scénario qui concilierait Science et Religion. À ce titre André Langaney s’oppose aux appellations «Ève» et «Adam» en rappelant ceci:

«On ne va pas appeler Adam et Ève chacun des êtres qui nous a apporté un gène nouveau pour la première fois, sinon il faudra appeler ainsi des poissons australiens de l’ère primaire et des insectivores de l’ère secondaire.» André Langaney

Il apparait ici clairement qu’André Langaney n’apprécie pas l’emploie du terme «Ève» et donc probablement pas des termes «Ève africaine» ou «Ève mitochondriale» pour les raisons que j’ai évoqué ci-dessus. Personnellement j’avais soutenu la pertinence de ces termes, pour illustrer la notion de «dernier ancêtre féminin commun ayant transmis son ADN mitochondriale», mais donc il est vrai que l’usage de cette terminologie peut-être critiqué en raison des confusions qu’il génère.

L’essentiel étant donc de dépassé la dite terminologie et de comprendre comme il se doit ce que nous apprend l’ADN mitochondriale en ce qui concerne l’origine des populations actuelles comme cela avait été discuté dans le message précédent.

Autre point important André Langaney critique la datation qu’avait faite Allan Charles Wilson, du dernier ancêtre féminin commun à avoir transmis ses mitochondries. André Langaney expliquant en quoi l’ADN mitochondriale pose problème pour l’établissement d’une «horloge moléculaire» visant à estimer la date où aurait vécut le dernier ancêtre commun des mitochondries actuelles.

«Il faut se baser sur des gènes neutre. Or l’ADN des mitochondries est soumis à forte sélection. Ce n’est tout simplement pas un bon marqueur.» André Langaney

Cette deuxième critique d’André Langaney est des plus justifié. D’ailleurs dans mon message précédent j’avais pris soin de me référer à une étude récente sur la datation de l’ancêtre commun des mitochondries des populations humaines actuelles. Cette étude ayant le mérite de justement tenir compte de l’effet qu’a pu avoir la sélection naturelle dans les divergences génétiques et donc dans la datation du dernier ancêtre commun des mitochondries [1]. Ainsi cet ancêtre commun est estimé avoir été nettement plus ancien que ce qu’avait calculé Allan Charles Wilson, mais la sortie d’Afrique est cependant toujours estimée à nettement moins de 100'000 ans. Par ailleurs les problèmes liées à l’horloge moléculaire de l’ADN mitochondrial, n’altère pas la reconstitution phylogénétique faite à partir de ce dernier. Et la reconstitution phylogénétique nous montre clairement une origine africaine de l’ADN mitochondriale soutenant que le dernier ancêtre féminin commun à nous avoir transmis son ADN mitochondriale était bel et bien africaine!

En conclusion à cette mise au point sur les propos d’André Langaney concernant l’ADN mitochondrial, nous retiendrons donc simplement que le dernier ancêtre féminin à l’origine des mitochondries actuelles, ancêtre féminin parfois nommée «Ève mitochondriale», vivait selon toute vraisemblance en Afrique, et constitue un des éléments de preuve en faveur d’une origine africaine et récente de l’homme moderne. Cependant ce n’est pas la seule femme de son époque à avoir eu une descendance jusqu’à aujourd’hui, en revanche c’est là seule à nous avoir transmis ses mitochondries jusqu’à aujourd’hui au travers d’une descendance féminine.

Je note encore que si l’apparente divergence de mon précédent message avec les propos d’André Langaney représente donc en réalité qu’une simple question de «terminologie», j’ai néanmoins commis une erreur en me référant à une étude que l’on pourrait qualifier de «boiteuse». Cette étude représente selon ses auteurs, une évaluation statistique des différents modèles d’évolution humaine récente [2]. La conclusion de cette étude étant que le modèle dit «Out of Africa» est selon toute vraisemblance le bon. Cependant les auteurs de cette étude se sont basé sur un échantillonnage bien trop faible, à savoir par exemple seulement huit eurasiens! Or cela ne parait guère sérieux! Certes cela ne remet pas en cause l’argumentation de mon précédent message se basant sur d’autres études qui elles sont fiables et sérieuses. Aussi dans la deuxième partie de mon message consacré à la réfutation des propos du paléontologue chinois Wu Xinzhi, je me réfère notamment à deux excellentes publications de Sarah A. Tishkoff sur la diversité génétique africaine et de l’implication de celle-ci en matière d’évolution humaine récente [3] [4].


2. Les étranges propos du paléoanthropologue chinois Wu Xinzhi

Le paléoanthropologue Wu Xinzhi
Le dossier de Science et Avenir retranscrit également une interview du paléoanthropologue chinois Wu Xinzhi, interview dans laquelle ce dernier se fait clairement l’avocat d’une évolution des Homo sapiens chinois, indépendante de ceux d’Afrique. Mieux encore Wu Xinzhi souligne cette indépendance de l’évolution des asiatiques en affirmant ceci:

«En Asie la continuité a été le principal processus à l’œuvre, l’hybridation a certainement été faible.» Wu Xinzhi

Bien évidemment cette affirmation se heurte à la montagne de données génétique réfutant cette origine asiatique presque exclusivement unique des Homo sapiens asiatiques actuels. Or lorsque l’intervieweur rappelle à Wu Xinzhi le point de vue totalement différents des «généticiens occidentaux» puis demande le point de vue de Wu Xinzhi sur la théorie de «l’Out of Africa», le paléoanthropologue chinois nous sort une des plus magnifiques perles qui soit!

«L’une des bases de la théorie est le haut polymorphisme de l’ADN des populations africaines actuelles, un argument en faveur de leur très grande ancienneté. Une telle diversité peut s’expliquer car les mutations ont pu s’accumuler depuis 6 à 7 millions d’années. Mais les populations modernes d’Afrique sont un mélange d’indigènes, d’immigrés venus d’Asie et d’Europe comme les Arabes ou les Phéniciens. La diversité génétique dans les populations africains modernes aujourd’hui n’est pas forcément équivalente à celle qui existait il y a 200'000 ans. Enfin, il y a beaucoup à dire sur la précision des horloges moléculaires et sur la pertinence de l’ADN mitochondriale.» Wu Xinzhi

Comme on pouvait s’attendre en bon défenseur de la thèse multicentrique Wu Xinzhi rejette les démonstrations génétiques en faveur d’une origine africaine et récente en affirmant en gros que celles-ci sont non-concluantes.

Or en réalité par son rejet des démonstrations en question Wu Xinzhi ne fait que témoigner au mieux de sa propre ignorance au pire de sa mauvaise foi!

Car certes il est tout à fait vrai que la précision des horloges moléculaires n’est de loin pas parfaite (voir les précédents propos de André Langaney) et que l’ADN mitochondriale n’est pas la seule donnée dont il faut tenir compte pour retracé l’histoire des populations humaines. Cependant on ne peut non plus pas ignorer que l’ADN mitochondriale peut faire l’objet d’une reconstruction phylogénétique et amener des informations intéressantes éclairant en partie l’histoire des populations humaines en question.

Par ailleurs Wu Xinzhi enfonce des portes ouvertes lorsqu’il affirme que la diversité génétique africaine n’est aujourd’hui pas forcément équivalente à celle qui existait il y a 200'000 ans! On se demande comment Wu Xinzhi espère amener ici un doute sur la théorie de «l’Out of Africa» sachant que celle-ci s’accommode parfaitement d’une diversité génétique africaine qui aurait pu être initialement plus faible il y 200'000 puis aurait considérablement augmenté en 100'000 ans en Afrique avant d’importantes expansions humaines en dehors de cette dernière. Au final nous avons toujours les mêmes données une diversité africaine beaucoup plus importante que celle des autres continents.

Mais la plus grande démonstration d’ignorance de Wu Xinzhi concerne sa prose sur la diversité génétique africaine actuelle. Diversité génétique qui ne serait pas, selon lui, un élément de preuve déterminant en faveur de la théorie de «l’Out of Africa» car cette plus grande diversité génétique africaine s’expliquerait selon lui par le fait que l’Afrique est peuplé non seulement de populations africaines mais aussi de populations d’origine non-africaines comme les Arabes ou des populations d’origine Phéniciennes.

Par ses présents propos Wu Xinzhi démontre qu’il ignore les résultats des études qui ont été mené en ce qui concerne la diversité génétique des populations africaines. Car l’écrasante majorité de la diversité génétique présente en Afrique, celle-là même qui fait que la diversité génétique est si grande sur ce continent, concerne les populations d’Afrique subsaharienne [3] [4] c’est-à-dire les populations «indigènes» comme Wu Xinzhi les appelles! Les populations nord-africaines d’origine eurasiatiques n’expliquent pas cette très importante diversité présente au sud du Sahara. Une diversité qui se manifeste par exemple par les divergences existant entre les populations de langue Khoisan et les populations de langue Bantous. Cette plus grande diversité a été mise en avant par l’analyse du génome des populations, collent assez bien avec la diversité constatée avec l’ADN mitochondriale [1]. Ces analyses concordant non seulement en faveur d’une origine plus ancienne des hommes modernes en Afrique et plus spécifiquement en Afrique subsaharienne, mais en plus concordant avec une expansion récentes des hommes modernes hors d’Afrique. Cette forte diversité en Afrique subsaharienne ne pouvant pas s’expliquer par les apports des populations d’origine eurasiatiques en Afrique du Nord.

Wu Xinzhi affirme que la plus grande diversité génétique africaines peut s’expliquer par la présence de populations d’origine non-africaines (par exemple les arabes et les phéniciens) sur le continent africain. Cependant la plus grande diversité génétique constatée en Afrique est constaté en Afrique subsaharienne, c’est-à-dire chez des populations «indigènes» et non pas des populations qui seraient arrivé d’Eurasie très récemment. Qu’il s’agisse de l’ADN mitochondriale, du chromosome Y ou du génome dans son ensemble, tout pointe vers une origine africaine de l’homme moderne. Les populations d’Eurasie constituant un «sous-ensemble» d’une diversité génétique dont les racines sont africaines comme l’illustre le schéma ci-dessus tiré d’une étude de Michael C. Campbell et Sarah A. Tishkoff [3].

Certes Wu Xinzhi peut toujours plaider que cette plus grande diversité africaine serait le fait d’importantes migrations en provenance d’Asie durant la préhistoire, notamment un afflux d’homme modernes en provenance d’Asie vers l’Afrique. Le problème étant que ce scénario n’est de loin pas le plus parcimonieux et ne colle pas avec les données fossiles, les plus anciens hommes modernes étant africains [5] [6]. Mais surtout ce scénario devient extrêmement improbable au regard de ce qui a été discuté dans le message précédent concernant la diminution graduelle de la diversité génétique humaine au fur et à mesure que l’on s’éloigne du continent africain. Pire ce dégradé se retrouve au niveau phénotypique, plus on s’éloigne de l’Afrique subsaharienne plus la diversité génétique et phénotypique diminuent [7] [8].

Wu Xinzhi ne mentionne pas comme il se doit ces données dont il se contente de dire qu’elles sont non-concluantes sans même donc les retranscrire correctement! En réalité il ignore purement et simplement les données en question car celles-ci contredisent méchamment sa vision multicentrique voulant que les Homo sapiens d’Asie orientale soient apparus indépendamment des Homo sapiens africains. Mais le plus effarant étant que tout en ignorant et en rejetant d’un revers de main les démonstrations génétiques en faveur d’une origine africaine de l’homme, Wu Xinzhi se permet d’affirmer ceci:

«Les généticiens ne voient l’évolution humaine qu’à partir de l’ADN, au lieu de penser de façon synthétique à partir des données fournies par de multiples disciplines.» Wu Xinzhi

Wu Xinzhi ne serait pas ridicule en tenant de tels propos si il de son côté il n’ignorait pas les données génétiques pour ne s’en tenir qu’à une interprétation particulière de l’évolution humaine récente faite à partir des seuls fossiles!

En conclusion on peut affirmer que toute «l’argumentation» de Wu Xinzhi est bidon et transpire la mauvaise foi car se basant sur l’ignorance de données importantes visant à valider un scénario qui ne tient en réalité absolument pas! On comprend mieux les suspicions de nationalisme mal placé qu’André Langaney avait formulé l’encontre de certains paléoanthropologues chinois. Certains de ces derniers défendant mordicus une vision multicentriques de l'évolution humaine malgré les multiples faits s’opposant à cette dernière*.

3. Que penser des propos d’Yves Coppens?

 Le paléoanthropologue Yves Coppens
Dans mon message précédent, nous avions que pour défendre l’idée d’une origine multicentrique de l’espèce humaine, Bernard Lugan se réfère notamment à une citation d’Yves Coppens, citation que je reposte ci-dessous.

«Je ne crois pas que les hommes modernes aient surgi d’Afrique il y a 100 000 à 60 000 ans (…) Je pense que les Homo sapiens d’Extrême-Orient sont les descendants des Homo erectus d’Extrême-Orient.» Yves Coppens

En prenant cette citation l’on a réellement l’impression que Yves Coppens soutient une vision multicentrique de l’évolution humaine, vision multicentrique soutenant par exemple que les populations s’Asie orientale actuelles, descendent d’Homo erectus asiatiques présent depuis fort longtemps (au moins plus d’un millions d’années) et non pas d’Homo sapiens en provenance d’Afrique arrivé en Asie il y a moins de 100'000 ans. Bref l’on pourrait croire qu’Yves Coppens partage la même position pour le moins «obtuse» du paléoanthropologue chinois Wu Xinzhi dont il a été question ci-dessus, position pour le moins intenable au vu des données génétiques existantes.

Cependant Yves Coppens à une position pour le moins différente de Wu Xinzhi car lorsque l’intervieweur mentionne les données génétique pointant vers une origine africaine et récente de l’humanité actuelle, la réponse d’Yves Coppens n’est pas la même que celle de son collègue chinois.

Sciences et Avenir: «Comment expliquez vous dès lors que les généticiens remarquent un fort flux génétique venu d’Afrique il y a 150'000 ans?»
Yves Coppens: «Si ils l’ont remarqué, il est probable qu’il ait existé une souche africaine ayant contribué à l’émergence de l’homme moderne. Mais ces Homo sapiens africains se sont forcément croisé avec les gens qu’ils ont rencontrés, qui étaient d’autres Homo sapiens. Isolés suffisamment de temps pour être un peu différents, mais pas suffisamment pour ne plus être féconds. Bref il y a sans doute eu un grand métissage.»

Étrange que Bernard Lugan n’ait pas mentionné ce passage pourtant important de l’interview d’Yves Coppens, dans son communiqué!

Yves Coppens contrairement à son homologue chinois, ne nie pas les données de la génétique et ne croit pas une évolution indépendante des Homo sapiens est-asiatiques sans mélange (ou alors très peu) avec les Homo sapiens africains, au contraire Yves Coppens soutient la thèse d’un métissage généralisé.

Contrairement à celle de Wu Xinzhi, la thèse défendue par Yves Coppens tient la route. Cependant l’on peut néanmoins émettre certaines critiques, car Yves Coppens semble passer à côté deux faits importants. Premièrement la contribution génétique des populations humaines est essentiellement d’origine africaine et récente. Deuxièmement rien ne démontre que les hominidés avec qui se sont croisé les Homo sapiens en provenance d’Afrique il y a moins de 100'000 ans, étaient eux-aussi des «hommes modernes».

En effet le croisement avec des représentant du genre Homo en Eurasie est aujourd’hui un scénario des plus probables. En revanche l’idée que ces représentants du genre Homo étaient des hommes modernes l’est moins. Par exemple l’homme de Néanderthal était une espèce humaine, intelligente et très probablement interféconde avec la nôtre. Cette interfécondité mériterait peut-être même que l’on qualifie les Néanderthaliens de sous espèce d’Homo sapiens à savoir Homo sapiens neanderthalensis. Mais donc Néanderthal était passablement distinct des hommes moderne par divers caractères anatomiques [9] [10] et étaient phylogénétiquement plus éloignés que le sont les populations d’hommes modernes entre elles. L’ADN de l’Hominidés de Denisova, dont la lignée se serait métissé avec les ancêtres des Mélanésiens actuels, trahissant même une proximité phylogénétique probablement encore moindre avec les hommes modernes que celle de Néanderthal [11].

À cela on peut ajouter que le registre fossile tend à indiquer de manière forte qu’Homo sapiens est bel et bien originaire d’Afrique. Il parait donc difficile d’affirmer que l’homme moderne ne soit probablement pas apparu en Afrique relativement récemment. Car selon toute vraisemblance non seulement il y serait bel et bien apparu mais il se serait répandu en Eurasie bien plus récemment encore en se mélangeant cependant dans une certaine mesure avec les Hominidés eurasiatiques. Ce mélange se serait néanmoins fait en supplantant largement les dits Hominidés eurasiatiques dont la contribution génétique demeure relativement, mineure [12] [13].

En conclusion il apparait que le scénario demeurant de loin le plus probable, est celui d’une origine récente et commune de l’homme moderne sur le continent Africain. Bien évidemment cette origine récente et commune ne signifie pas qu’il n’y a pas eu de métissage avec d’autres hominidés présent en Eurasie depuis plus longtemps bien au contraire.

* Notons qu’André Langaney ne soupçonne bien évidemment pas tous les chercheurs chinois de pareil nationalisme mal placé. Certains chercheurs chinois, notamment généticiens, soutenant eux-aussi une origine africaine et récente des populations Est-Asiatiques actuelles [14] [15].

Références:

[1] Pedro Soares (2009), Correcting for Purifying Selection: An Improved Human Mitochondrial Molecular Clock, The American Society of Human Genetics

[2] Nelson J. R. Fagundes and al (2007), Statistical evaluation of alternative models of human evolution, Proceedings of the National Academy of Sciences

[3] Michael C. Campbell and Sarah A. Tishkoff (2008), African Genetic Diversity: Implications for Human Demographic History, Modern Human Origins, and Complex Disease Mapping, Annual Review of Genomics and Human Genetics

[4] Sarah A. Tishkoff and al (2009), The Genetic Structure and History of Africans and African Americans, Science

[5] Tim D. White and al (2003), Pleistocene Homo sapiens from Middle Awash Ethiopia, Nature

[6] Fleagle Jg, Assefa Z, Brown Fh, Shea Jj (2008), Paleoanthropology of the Kibish Formation, southern Ethiopia: Introduction, Journal of human evolution

[7] Sohini Ramachandran and al (2005), Support from the relationship of genetic and geographic distance in human populations for a serial founder effect originating in Africa, Proceedings of the National Academy of Sciences

[8] Andrea Manica, William Amos, François Balloux & Tsunehiko Hanihara (2007), The effect of ancient population bottlenecks on human phenotypic variation, Nature

[9] Christine Couture et Jean-Jacques Hublin (2005), Origine et Évolution des Populations Humains, Comité des Travaux Historiques et Scientifiques 2005

[10] Jean-Jacques Hublin avec Bernard Seytre (2008), Quand D’Autres Hommes Peuplaient La Terre, Nouveaux Regards Sur Nos Origines, Édition Flammarion 2008

[11] Johannes Krause and al (2010), The complete mitochondrial DNA genome of an unknown hominin from southern Siberia, Nature

[12] Richard E. Green and al (2010), A Draft Sequence of the Neandertal Genome, Science

[13] David Reich and al (2010), Genetic history of an archaic hominin group from Denisova Cave in Siberia, Nature

[14] Yuehai Ke and al (2001), African Origin of Modern Humans in East Asia: A Tale of 12,000 Y Chromosomes, Science

[15] Feng Zhang, Bing Su, Ya-ping Zhang and Li Jin (2007), Genetic studies of human diversity in East Asia, Philosophical Transactions of The Royal Society

samedi 11 juin 2011

Origine de l'Homme: Réponse à Bernard Lugan

Le présent message est une réponse adressée au communiqué de l'historien Bernard Lugan concernant l'origine de l'homme. Il est nécessaire de rappeler que ma réponse à Bernard Lugan concerne un thème spécifique qui est celui de la paléoanthropologie et plus exactement celui de l'origine de l'homme moderne. Aussi sachant que ce thème n'est pas directement le domaine professionnel de Bernard Lugan, il est nécessaire de rappeler que ma réfutation détaillée des propos de ce dernier en ce qui concerne les origines de l'homme, ne constitue pas une remise en question de la crédibilité de ses travaux en ce qui concerne l'histoire africaine dont Bernard Lugan est, rappelons-le, un spécialiste. Je le précise d'avance pour éviter  toute confusion quand à la portée de ma présente réponse, celle-ci se limitant à la question de l'origine de l'homme moderne.

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Monsieur Lugan bonjour

J’ai lu avec intérêt votre communiqué sur l’origine de l’homme et plus précisément sur l’origine de l’homme moderne (Homo sapiens). Je l’ai lu avec intérêt mais en ayant donc été pour le moins surpris par le dénigrement pour le moins prononcé auquel vous vous adonnez à l’encontre des théories dites de l’«Out of Africa» et de « l’Ève africaine », théories que vous rejetez au rang d’idéologies défuntes.

Oui cela m’a surpris tout d’abord parce que contrairement à ce que vous dites la théorie dite de l’«Out of Africa» tout comme celle de «l’Éve africaine» (plus exactement «l’Ève mitochondriale») ne sont pas des idéologies mais bel et bien d’authentiques théories scientifiques, ensuite parce qu’elles ne sont nullement défuntes mais au contraire on ne peut pas plus vivantes.

Ainsi dans mon présent message je prends le temps de répondre de manière détaillée à votre communiqué avec plusieurs références récentes, sur la question de l’origine de l’homme moderne et des dernières avancées sur ce sujet.

D’entrer dans votre communiqué vous parlez d’un hallucinant «bourrage de crâne» scientifique autour du paradigme du « Out of Africa » (le ton est donné!) et vous citez une déclaration d’Yves Coppens où celui-ci semble adhéré au modèle multirégional (ou multicentrique).

«Je ne crois pas que les hommes modernes aient surgi d’Afrique il y a 100 000 à 60 000 ans (…) Je pense que les Homo sapiens d’Extrême-Orient sont les descendants des Homo erectus d’Extrême-Orient». Yves Coppens
Fort bien, Yves Coppens privilégie aujourd’hui le modèle multirégionale, soit. Mais l’opinion d’Yves Coppens à ce sujet est-elle réellement la plus objective au regard des recherches récentes? J’y reviens plus bas, mais d’abord revenons sur lles propos de votre communiqué monsieur Lugan.

Comment serait-il d’ailleurs possible de continuer à soutenir que les Asiatiques ont une origine africaine quand, dans une Chine peuplée en continu depuis 2 millions d’années, les découvertes s’accumulent qui mettent en évidence la transition entre les hommes dits archaïques et l’Homme moderne dont les Chinois actuels sont les très probables descendants (Dong, 2008 : 48). Il en est de même avec les Européens. Bernard Lugan

En fait si l’on continue à soutenir une origine africaine récente des populations asiatiques actuelles c'est tout simplement parce que c’est ce que nous indiquent diverses études génétiques!

Le fait que l’Asie ait été peuplé par des représentant du genre Homo depuis 2 millions d’années ne signifie pas qu’il n’y a pas eu plusieurs « ruptures » au cours de ce peuplement. Car sur 2 millions d’années il y a probablement dû y avoir diverses migrations, en provenance d’Afrique mais aussi en sens inverse, ainsi que diverses fluctuations démographiques. La présence ancienne d’hominidés de type Homo erectus en Asie n’exclue donc pas des migrations relativement récentes d’Homo sapiens en provenance d’Afrique et supplantant petit-à-petit les population d’hominidés présentes en Asie depuis fort longtemps.

Mais donc pour déterminer au mieux l’histoire des populations asiatiques et plus généralement de l’ensemble des populations humaines actuelles, on dispose aujourd’hui des formidables outils de la biologie moléculaire. Au cours des deux dernières décennies, les analyses toujours plus détaillées du génome de diverses populations humaines, mais aussi de certains hominidés fossiles, ont amené des éclairages surprenants qui permettent de répondre en partie à la question de la véracité des modèles « Out of Africa » et « Multiregional Origins ».


Le Triomphe du paradigme «Out of Africa»

Premièrement la contribution génétique des asiatiques actuels (et des européens également soit dit en passant) est essentiellement africaine. Les analyses portant sur l’ADN mitochondrial (j’y reviens plus bas avec la question de «l’Ève africaine»), le chromosome Y, nous indiquent tous les deux une origine africaine. L’analyse du reste du génome nous indique également une ascendance essentiellement africaine mais nous je l'explique plus bas, avec une nuance des plus intéressantes.

En effet tout d’abord une origine africaine récente de l’homme moderne est soutenue par des études montrant que non-seulement la diversité génétique présente en Afrique dépasse de loin celle des autres continents, mais qu’en plus cette même diversité diminue au fur et à mesure que l’on s’éloigne du continent africain [1], plus spécifiquement de l’Afrique subsaharienne. Et cela se confirme par une étude ayant démontré la même répartition de la diversité humaine avec cette fois des variables phénotypiques [2]. Ces études nous montrent en effet que la diversité génotypique et phénotypique se recoupent et donc soutiennent un modèle de peuplement où une population présente initialement sur le continent africain, a quitté ce dernier, puis colonisé l’Eurasie très récemment (il y moins de 100'000 ans et probablement à coup de vagues de migrations successives). Au fur à mesure que les populations en provenance de l’Afrique s'éloignaient de cette dernière par migrations de sous-populations relativement restreintes, il y a donc eu perte de la diversité génétique par «effet fondateur».


En haut en (a) une carte de la diversité phénotypique, plus on s’éloigne de l’Afrique subsaharienne plus la diversité phénotypique diminue (couleur foncée). En bas en (b) une carte de la diversité génétique, là encore plus on s’éloigne de l’Afrique subsaharienne plus la diversité génétique diminue. Ces deux type de données se recoupent et correspondent avec la prédiction faite avec le scénario nommée « Out of Africa », elles appuient également sur d’autres données portant sur l’ADN mitochondriale et le chromosome Y et aboutissant aux mêmes conclusions!

Si il est vrai que certains ont voulu expliquer la plus grande diversité génétique présente en Afrique non pas au travers d’une expansion récente d’Homo sapiens mais simplement par le fait que le continent africain aurait été d’avantage peuplé durant la préhistoire, ce scénario alternatif n’explique cependant pas ou alors très mal (c’est-à-dire pas autrement que par un scénario fort peu probable), le fait que nous ayons une véritable graduation où la diversité génétique comme phénotypique, diminue tous deux de concert au fur et à mesure que l’on s’éloigne du continent africain (voir les figures précédentes)!

Ainsi le fait que les populations d’Asie sont issues d’une expansion africaine récente (mais cependant probablement constitué de plusieurs vagues migratoires), est aujourd’hui une chose bien étayée et l’idée que les populations d’Homo erectus présentes en Eurasie depuis fort longtemps aient évolué indépendamment des populations africaines, vers Homo sapiens, ne résiste donc pas aux données génétiques mentionnées précédemment.


Que reste-il du paradigme multirégional ?


Et donc Monsieur Lugan lorsque vous parlez du modèle « Out of Africa » comme étant mort et enterré par des éléments de preuves en faveur du modèle « multirégional », vous vous méprenez alors complètement! En réalité c’est plutôt le contraire! À ce jour nous pouvons déjà affirmer que le modèle multirégional dans sa forme la plus poussée, c’est-à-dire le modèle voulant que les Homo erectus d’Asie ont évolué de manière totalement indépendante, des populations africaines, vers Homo sapiens (voir Carleton Stevens Coon), est un modèle définitivement mort et enterré!

Certes les tenants du modèle multirégional ont depuis largement adoucit leur modèle initial en affirmant que pareille évolution parallèle aurait été possible avec un flux de gènes suffisamment constant entre l’Afrique et la partie la plus orientale de l’Eurasie. Certes de pareils flux de gènes sont possibles et ont même probablement eu lieu en parti au travers de vagues de migrations irrégulières au cours de 2 millions d’années de peuplement de l’Eurasie par les représentants du genre Homo. Mieux nous pourrions donc nous référer aux travaux du généticien Alan R. Templeton, pour qui il existerait certaines variations du génome des populations humaines actuelles dont l’origine ne peut pas être expliquée par une origine africaine récente et unique. Alan R. Templeton pense qu’il a dû existé des flux de gènes entre l’Eurasie et l’Afrique depuis longtemps (sortie d’Afrique et retours en Afrique) [3] et que récemment encore il y a dû y avoir des mélanges entre Homo sapiens venus d’Afrique et Hominidés (peut-être des hominidés de type Homo erectus) asiatiques.

Ainsi selon Alan R. Templeton il existerait réellement une continuité régionale en Asie. Le problème est de déterminer l’ampleur de cette continuité régionale, car nous l’avons vu des données génétiques solides montrent une contribution essentiellement africaine, par ailleurs les conclusions de Templeton ont fait l’objet de critiques [1] [6] rappelant les éléments en faveur d’une origine africaine récente de l’homme moderne sans pour autant rejeté toute possibilité de métissage entre les nouveaux arrivant venus d’Afrique et les hominidés installés en Eurasie depuis longtemps. C’est d’ailleurs ce dernier point qui a récemment fait l’objet d’une confirmation des plus fascinantes!

« Out of Africa » Oui! Mais pas seulement!

Récemment deux études ont amené un éclairage nouveau sur l’expansion de l’homme moderne en Eurasie, cet éclairage a été permis par l’extraction d’ADN Néanderthalien ainsi que de l’ADN d’une dent appartenant à un Hominidé inconnu vieux d'environ 41'000 ans nommé Hominidé de Denisova.


En comparant l’ADN de l’homme de Néanderthal avec celui d’individus contemoporains provenant d’Afrique (Yoruba et San), de Papouasie Nouvelle-Guinée, d’Europe et de Chine, il fut établie que l’ADN des non-africains ainsi échantillonnés, ont des variations génétiques commune avec Néanderthal que ne partagent pas l’échantillonnage africain! [7] Cette constatation ne peut s’expliquer que par deux scénarios.

(A) Ce premier scénario du haut stipule que l’ancêtre commun de Néanderthal et d’Homo sapiens disposait d’un certains polymorphisme génétique (point et ligne rouges) réparti de manière différentes au sein des différentes sous-populations de ces ancêtres communs en Afrique. En quittant l’Afrique les Néanderthaliens ont gardé une part particulière du polymorphisme génétique en question (l’effet fondateur aurait fixé celui-ci chez les néanderthaliens). Puis pendant ce temps les hominidés restés en Afrique évoluent vers l’homme moderne. Lorsqu’une partie de ces hommes modernes quittent l’Afrique, il s’avère qu’il s’agit d’une sous-population ayant retenu les mêmes variant que ceux des ancêtres des Néanderthaliens, à l’inverse les populations humaines restées en Afrique verront se fixer d’autres variant génétiques, donc une autre «partie» du polymorphisme génétique initiale.

(B) Ce deuxième Scénario stipule simplement qu’après leur séparation, les ancêtres de Néanderthal et de Sapiens ont acquis des variations génétiques différentes. Lorsque des Homo sapiens quittèrent l’Afrique il se mélangèrent dans une certaine mesure avec des Néanderhtaliens et ont donc une petite partie du génome (entre 1% et 4%)* des hommes de Néanderthal persiste dans le génome des populations non-africaines actuelles, quand bien même la contribution génétique reste essentiellement africaine.


Notons que le second scénario (B), à savoir celui d’un mélange avec des Néanderthaliens est le scénario le plus parcimonieux et donc le plus probable. Et mieux encore l’ADN extrait de la dent de l’Hominidé de Denisova allait à son tour révéler deux choses des plus intéressantes.

1. L’Hominidé de Denisova serait phylogénétiquement plus éloigné de l’homme moderne que ne l’était Néanderthal. [8]

2. Les Mélanésiens actuels partagent des variations génétiques communes avec l’homme de Denisova qui n’ont pour l’instant pas été retrouvé chez d’autres populations humaines. [9]

Cette image est tirée de la récente étude précdemment citée [9]. Ce schéma illustre à la fois les probables cas de métissages qu'il y a eu avec certains Néanderthaliens et les ancêtres des populations non-africaines actuelles (flèche f2) et les probables cas de métissages qu'il y eu entre les ancêtres des mélanésiens actuels et des hominidés appartenant à la même lignée que l'Homme de Denisova. Ainsi malgré une contribution génétique essentiellement africaine confirmant le scénario nommé «Out of Africa», les populations d'Homo sapiens venues d'Afrique se sont vraisemblablement métissés dans une certaines mesure avec des hominidés présents sur le continent eurasiatique depuis longtemps.



Notons également la distance géographique importante existant entre le lieu où fut trouvé la dent de l'Homme de Denisova et l'emplacement géographique des mélanésiens actuels [21]. Cela donnant une idée de l'importance qu'on pu avoir les migrations des différentes populations humaines au cours de la préhistoire. Nous noterons également que la zone de métissage entre néanderthal est Homo sapiens est supposé avoir eu lieu au Moyen orient [7]. Ces métissages sont estimés avoir eu lieu il y a moins de 100'000 ans c'est-à-dire lors de l'expansion d'Homo sapiens hors d'Afrique comme le confirme d'autres données génétiques déjà mentionnées.

Donc cela signifie selon toute vraisemblance qu’il y aurait eu métissage entre les ancêtres des Mélanésiens actuels et des représentants de la lignée humaine à laquelle appartient l’Hominidé de Denisova! Les Mélanésiens ayant retenu une partie du génome (entre 4% et 6%)* de la lignée humaine à laquelle appartenait l’homme de Denisova.

Donc de toute évidence il y aurait bel et bien eu des mélanges entre les Homo sapiens venus d’Afrique et les hominidés présents en Asie! Notons toutefois que l’identité de l’Hominidé de Denisova demeure à ce jour, inconnue. Peut-être s’agit-il d’un représentant d’une forme asiatique d’Homo erectus et peut-être pourrons-nous dans un avenir proche démontrer que les populations de l’Est de l’Asie (notamment les chinois) partagent eux-aussi une petite portion de leur génome avec des Homo erectus asiatiques. Il est important de noter concernant ce dernier point qu’il est tout à fait légitime à la base de penser que les asiatiques actuels aient des ancêtres parmi les homo erectus asiatiques, ancêtres dont ils auraient même hérité certaines caractéristiques physiques tel que les incisives en pelles, d’ailleurs il existerait selon certains paléontologues chinois une réelle continuité entre les Homo erectus asiatiques et les asiatiques actuelles et qui serait donc bel et bien en faveur d’une continuité régionale [10] [11].

Seulement voilà, les données génétiques montrant l’existence de croisement entre les Homo sapiens venus d’Afrique et les hominidés d’Eurasie, continuent à soutenir une contribution génétique essentiellement africaine. Ces deux extraits de l’étude mentionnée précédemment mettant en avant de probables cas de métissages entre Homo sapiens et l’homme de Néanderthal sont clairs à ce sujet!


«Ainsi, alors que le génome de Neandertal représente un défi pour la version la plus simple du modèle "Out-of-Africa" dans les origines de l'homme, elle continue de soutenir l'idée que la grande majorité des variations génétiques qui existent à des fréquences appréciables en dehors de l'Afrique proviennent d'Afrique, avec la propagation des humains anatomiquement modernes.»

[…..]

«L'analyse du génome de Neandertal montre qu'ils sont susceptibles d'avoir eu un rôle dans l'ascendance génétique des êtres humains d'aujourd'hui en dehors de l'Afrique, bien que ce rôle a été relativement mineur, étant donné que seul un petit pourcentage du génome des populations situées hors d'Afrique provient de Néandertaliens

Richard E. Green and al (2010), A Draft Sequence of the Neandertal Genome, Science

Effectivement les données mettant en avant l’existence d’un métissage des Homo sapiens venus d’Afrique avec des Hominidés déjà présents en Eurasie, ne remettent pas en question les données génétiques pointant une origine africaine de l’homme moderne comme l’on montré d’autres études précédemment citées. [1] [2] [6].


Cela rend donc pour le moins incompréhensibles l’idée apparemment défendus par certains paléontologues chinois selon laquelle les Homo erectus asiatiques auraient évolués indépendamment des Hominidés africains, vers Homo sapiens. D’ailleurs certains chercheurs critiquent à juste titre ces conclusions pour le moins hâtives [12].


Et pour cause la mise en avant de probables cas de métissages entres les Homo sapiens provenant d’Afrique et les hominidés peuplant l’Eurasie, nous amène à avoir une nouvelle interprétation des fossiles chinois semblant selon certains trahir une continuité entre les Homo erectus asiatiques et les hommes modernes. Cette continuité pouvant tout simplement trahir non pas une évolution parallèle vers Homo sapiens indépendante de celle qui a eu lieu en Afrique, mais des mélanges entre homme modernes originaires d’Afrique et Homo erectus asiatiques! Notons par ailleurs que l'évolution étant buissonnante l'idée selon laquelle il y aurait eu des évolutions parallèles et indépendantes sur différents continents en direction d'Homo sapiens, demeure pour le moins très improbables, et même si cela est théoriquement possible sur le plan morphologique cela ne tient pas face aux constatations génétiques. Lorsque deux populations sont séparées pendant longtemps elles tendent à diverger génétiquement, or nous l'avons vu les données génétiques mises en avant par diverses études pointent vers une origine récente, commune et africaine des différentes populations d'Homo sapiens actuelles. Enfin notons également le fait que les croisements et flux de gènes entre espèces proches sont des choses relativement communes dans la Nature [26]. Par exemple l'ours polaire (Ursus maritimus) et l'ours brun (Ursus arctos), se croisent de manière sporadiques lorsqu'ils viennent parfois à se rencontrer. Et même si leur ancêtre commun est estimé à une date similaire voir même plus ancienne, que ne l'est l'ancêtre commun d'Homo sapiens et de Néanderthal [27], l'ours polaire et l'ours brun ont des hybrides fertiles, cela permettant l'existence, même si limitée, d'un flux de gènes entre ces deux populations d'ours. Aussi au fond rien de surprenant dans le fait qu'Homo sapiens se soit métissé avec l'Homme de Néanderthal et avec d'autres Hominidés, lors de son expansion hors d'Afrique.

Certes il y aurait donc dans un sens bel et bien une continuité régionale, me direz-vous, avec peut-être même certaines caractéristiques physiques que les asiatiques auraient retenues de leurs ancêtres Homo erectus. Mais donc Monsieur Lugan ce ne serait pas réellement une évolution parallèle et indépendante de celle ayant eu lieu en Afrique, vers Homo sapiens. Au contraire il y aurait eu une véritable rupture avec migrations d’Homo sapiens en provenance d’Afrique, remplaçant peu-à-peu les Homo erectus asiatiques et les Homo neanderthalensis européens, diluant leur contribution génétique à une petite portion du génome, et expliquant pourquoi les populations d’Asie actuelles sont elles-mêmes d’ascendance africaine et récente comme en témoigne de manière claire leur génome. [13] [14] [15] Et donc oui les populations humaines actuelles sont toutes d'origine africaine et récente!

Ainsi selon toute vraisemblance nous avons bel et bien une expansion relativement récente d’Homo sapiens en provenance d’Afrique, cette expansion a comporté plusieurs vagues migratoires qui ont à terme remplacé les populations d’hominidés d’Eurasie tout en les assimilant en partie.

Les importantes découvertes archéologiques qui ont permis une totale révision des modèles anciens ne sont pas des nouveautés pour les lecteurs de l’Afrique Réelle. Dans un dossier publié dans le numéro 11 du mois de novembre 2010, il a ainsi été montré que l’Homme moderne, qu’il soit asiatique, européen ou africain est issu de souches locales d’hominisation ayant évolué in situ. Un peu partout dans le monde, nous voyons en effet et clairement des Homo erectus se « sapiensiser » et donner naissance à des lignées locales, peut-être les plus lointains marqueurs des « races » actuelles.
Ces « sapiensisations » observables à la fois en Asie, en Europe, dans le monde méditerranéen et en Afrique, réduisent à néant le postulat du diffusionnisme au profit de l’hypothèse multi régionaliste que je défends depuis de nombreuses années. Les découvertes qui s’accumulent, de la Georgie [4] à l’Espagne [5], de la Chine au Maroc ou encore d’Israël à l’Australie et à la Mongolie vont ainsi toutes dans le sens d’hominisations indépendantes de (ou des) l’hominisation africaine. Bernard Lugan

Non monsieur Lugan, là vous vous trompez hélas lourdement!

Je reviens sur les deux publications scientifiques que vous mentionnez ici [4], [5]. La première publication que vous mentionnez [4], ne concerne pas l’origine de l’homme moderne à proprement parler mais les premiers représentant du genre Homo retrouvé hors d’Afrique, à savoir en Eurasie et plus précisément en Géorgie, or cela ne constitue nullement une preuve en faveur de l’hypothèse multirégionale, c’est-à-dire de l’apparition indépendante en plusieurs lieux du globe (Afrique , Europe et Asie) d’Homo sapiens.

L’étude que vous mentionnez traite donc de ces premiers représentant eurasiatiques du genre Homo présents en Georgie et parfois nommés Homo georgicus. Ces hominidés datent d’il y a environ 1.8 millions d’année et présentent à la fois des caractères basaux (ou plus mal dit «primitifs») rappelant ceux d’Homo habilis et des caractères plus dérivée (ou plus mal dit «modernes») similaires à ceux d’Homo erectus (parfois aussi appelé Homo ergaster pour sa variante africaine). Vous pouvez également vous référez à une très intéressante interview du paléoanthropologue Fred Spoor dans la revue La Recherche, au sujet des fossiles de Géorgie [28].

Or ce qui est intéressant avec la présence de ces premiers représentant du genre Homo en Eurasie, est qu’ils sont que faiblement plus récents que les plus anciens Homo erectus africains (qui comme déjà dit sont parfois nommés Homo ergaster). Or une récente étude paru pas plus tard que ce printemps 2011 [16], suggère que Homo erectus aurait pu évolué en Eurasie à partir d’Hominidés de type Homo habilis ayant quitté l’Afrique plus tôt. Les hominidés de Géorgie ferait parti, selon cette hypothèse, de la souche d’hominidé basaux ayant donné naissance à Homo erectus en Eurasie. Puis alors que Homo erectus a continué son expansion en Eurasie, certains seraient retourné en Afrique. Et cela restant bien évidemment cohérent avec une origine africaine de l’homme moderne puisque ce serait donc à partir d’Homo erectus qui sont retournés en Afrique que serait apparu Homo sapiens c’est-à-dire nous-mêmes!

Bien évidemment cette hypothèse tout à fait intéressante et plausible demeure très incertaine car pouvant encore être potentiellement contredite par la découverte d’Homo erectus africains beaucoup plus anciens que les hominidés de Géorgie. Néanmoins si cette hypothèse s’avérait vraie, il s’avérerait donc qu’après une importante hominisation en Afrique, allant de notre dernier ancêtre commun avec les chimpanzés, aux premiers représentant du genre Homo de type Homo habilis, une étape particulière de l’hominisation se serait ensuite déroulé hors d’Afrique, celle-ci ayant précédé une nouvelle diversification (où Homo erectus se serait répandu en Eurasie et pour une partie à nouveau en Afrique) où la dernière phase d’hominisation ayant mené à notre espèce Homo sapiens se serait quant à elle à nouveau poursuivit en Afrique.

Les découvertes des Hominidés de Dmanisi sont donc extrêmement intéressantes et ouvrent la voie à de nouvelles hypothèses mais en aucune manière elles n’amènent de soutient probant en faveur du modèle multirégional voulant que Homo sapiens serait apparu indépendamment dans différentes parti du monde.

Il en va de même pour la deuxième étude que vous citez [5] et qui ne prétend nullement que Homo sapiens aurait évolué en Europe indépendamment des populations africaines. Non cette étude montre simplement que des représentants du genre Homo (ici nommés Homo antecessor) sont arrivé en Europe il y a plus de 1.2 millions d’années. Ces Hominidés sont d’ailleurs peut-être les ancêtres d’Homo neanderthalensis, ces derniers ayant disparu en Europe il y a tout au plus 30'000 ans et peut-être bien moins alors que Homo sapiens colonisait le continent européen.

Bref rien qui ne remette ici en cause le modèle dit «Out of Africa» toujours soutenu de manière solide mais avec des variantes, par les données génétiques discutées précédemment! Pourtant malgré cela vous poursuivez et terminez votre communiqué à coup d’affirmations que l'on ne peut hélas que qualifier de totalement fausses.

Cette déferlante ayant fait céder les fragiles digues dressées par la pensée unique, ses derniers défenseurs en sont réduits à jongler avec les faits. Le célèbre généticien André Langaney n’a ainsi plus qu’un pauvre argument à opposer aux nombreuses et très sérieuses études faites en Chine puisqu'il ne craint pas d'écrire : « Des scientifiques orientaux au nationalisme mal placé veulent à toute force que l’homme de Pékin ou d’autres fossiles chinois soient leurs ancêtres » (Sciences et Avenir, page 63). Fin du débat !

Le dossier de Science et Avenir constitue une étape essentielle dans la libération des esprits car il va toucher le plus grand nombre. En dépit d’inévitables scories idéologiques qui font surface ici ou là, et de concessions appuyées au politiquement correct, sa publication signifie qu’il n’est désormais plus possible de cacher au grand public une vérité que les spécialistes connaissaient mais qu’ils conservaient prudemment dans leurs tiroirs afin de ne pas désespérer le « Billancourt de la paléontologie »… La théorie de « l’Eve africaine » et celle d’ « Out of Africa » peuvent donc être désormais rangées dans le rayon des idéologies défuntes, quelque part entre la « lutte des classes » et le mythe de la «colonisation-pillage». Bernard Lugan

Non Monsieur Lugan, non!

La théorie de «l’Ève africaine» (ou plus exactement théorie de «l’Ève mitochondriale) et celle appelée «Out of Africa» ne sont pas des idéologies mais d'authentiques théories scientifiques et elles ne sont pas défuntes mais au contraire sont on ne peut pas plus vivantes!

Tout d’abord la théorie de l’Ève africaine ou plus exactement de l’Ève mitochondriale est une théorie se basant sur des données on ne peut pas plus concrètes, à savoir l’ADN mitochondriale ou ADNmt (mtDNA en anglais). Pour comprendre sur quoi se base la théorie de l’Ève mitochondriale vous devez vous rappelez que celui-ci n’est transmis que par la mère, les hommes ne transmettent pas l’ADN de leur mitochondries. Cela veut dire que l’ADN des Mitochondries ne se recombine pas lors de la reproduction sexuée, contrairement à l’ADN celui de la quasi-totalité de notre génome (l’ADN présent dans le noyau de nos cellules).

Ainsi l’ADN mitochondriale a été étudié au sein des diverses populations humaines pour tenter de déterminer au mieux où et quand se situe la dernière femme humaine dont descendent toutes les Mitochondries des populations humaines actuelles. Appelé Ève mitochondriale, cette femme est un ancêtre commun à tous les humains actuelle et la seule de son époque à nous avoir laissé ses mitochondries jusqu’à aujourd’hui.


 
L’ADN mitochondriale ne se transmet que par la mère. Cela ne veut pas dire que l’Ève mitochondriale est la seule femme à avoir eu une descendance jusqu’à aujourd’hui. En revanche cela veut dire que c’est la seule femme de son époque à avoir pu laisser son ADN mitochondriale via une descendance féminine.

En tenant compte du taux de mutation estimé dans les mitochondries et en analysant le génome des mitochondries des populations humaines du monde entier, les chercheurs sont ainsi capables de restituer un arbre phylogénétique des mitochondries au sein de l’espèce humaine et d’estimer la date et la location géographique probable, du dernier ancêtre commun des mitochondries c’est-à-dire l’Ève mitochondriale!

Or comme vous l’avez peut-être déjà deviné les données génétiques analysées nous donnent comme résultat un Ève mitochondriale ayant vécue en Afrique entre 150'000 et 200'000 ans!

Arbre phylogénétique de l’ADN mitochondrial tiré d’une récente étude datant de 2009 [17] Comme on le voit clairement, il y a une plus grande diversification de l’ADN mitochondriale au sein des populations africaines. L’ADN mitochondriale des autres régions du monde, Eurasie comprise, ne constitue qu’un sous-ensemble d’une diversité essentiellement africaine. Cela signifie donc que selon toute vraisemblance, l’ADN mitochondriale à commencer à se diversifier en Afrique, il y a déjà près de 200'000 ans selon cette étude, puis certains Homo sapiens ont quitté l’Afrique il y a environ 60'000 à 70'000 ans (ce qui n’exclue pas des migration hors d’Afrique plus anciennes mais donc celles-ci n’ont pas abouti à la transmission de l’ADN mitochondriales jusqu’à aujourd’hui). Cette migration récente étant à l’origine de l’ADN mitochondriales des populations non-africaine actuelles.


Si la période exacte à laquelle vivait l’Ève mitochondriale est sujette à une marge d’erreur de plusieurs dizaines de milliers d’année, elle n’est certainement de loin pas aussi ancienne que les premiers représentant du genre Homo en Eurasie, au vue de l’arbre phylogénétique laissé par l’analyse des mitochondrie l’hypothèse qui est de loin la plus parcimonieuse est que l’Ève mitochondriale est originaire d’Afrique et plus exactement d’Afrique de l’Est!

Et pour encore d’avantage enfoncer le clou de cette démonstration l’on peut mentionner quelques comparaisons intéressante avec nos plus proches cousins que sont les gorilles, les chimpanzés et les bonobos en revenant là aussi sur l’analyse de leur ADN mitochondrial, les résultats sont des plus intéressants [18].

Les hommes les plus distants entre eux le sont au minimum quatre fois moins que deux gorilles le sont entre eux. Certes, les différentes branches ne sont pas échantillonnées avec la même intensité et l'on peut remarquer que les hommes modernes le sont beaucoup mieux (811 individus) que les gorilles (26) ou les ourang-outans (3). Mais la conclusion n'est pas affecté par ces inégalités, Au contraire, c'est en dépit de ce très fort échantillonnage humain que l'on trouve une si faible diversité génétique relative chez l'homme.
Image et texte tirés du Guide critique de l'évolution, sous la direction de Guillaume Lecointre Éditions Belin 2009. L’étude originale d’où provient le schéma ci-dessus en question est disponible dans les références [18]


Bref pour ne reprendre que les chimpanzés, il apparait clairement que leur ADN mitochondrial est bien plus diversifié que le nôtre, ce qui implique pour les chimpanzés une Ève mitochondriale bien plus ancienne que la nôtre.

Nous noterons également qu’une récente étude [19] portant sur des séquences du génome (donc l’ADN du noyau des cellules) de différentes populations de chimpanzés ainsi que de Bonobos, indiquent une divergence entre le chimpanzé et Bonobos vieille plus d'un million d'années et les séparations ultérieur de deux grandes populations de chimpanzés (chimpanzés de l’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale) vieilles de plus d'un demi-million d'années, soit considérablement plus que ce qu’on estime chez les populations humaines actuelles.

Notons enfin des études portant sur le Chromosome Y et permettant de déterminer là encore une «fourchette temporelle» quand à l’ancêtre commun de tous les chromosomes Y ayant été transmis par un homme unique nommé Adam Chromosomique. Et là encore ô surprise l’Adam Chromosomique a selon toute vraisemblance une origine africaine, et mieux encore une origine bien plus récente que celle de l'Ève africaine [20], témoignant donc d’une expansion récente de l’homme moderne en provenance d’Afrique et qui a probablement contribué de manière importante au reste du génome (voir les multiples références que j’avais déjà cité plus haut).

Bref l’Ève africaine une idéologie dites-vous? Au contraire une théorie solidement étayée, je dirais même on ne peut pas mieux étayée!

Idem pour la théorie nommée « Out of Africa » qui même si elle doit composer aujourd’hui avec de très probables cas de métissages avec des hominidés présents en Eurasie depuis longtemps, reste valide. La théorie nommée « Out of Africa » bénéficie non seulement de l'appuie des diverses données génétiques précédemment citées mais également du registre fossile. En effet les plus anciens Homo sapiens découverts à ce jour sont africains, comme nous le montre le spécimen fossile nommé Homo sapiens idaltu trouvé en Ethiopie et daté entre 160'000 et 154'000 ans [22]. Nous pouvons également citer les spécimens Omo et Omo II [23], [24], qui sont datés d'environ 195'000 ans [25]! Ainsi donc les fossiles coïncident avec les données génétiques existantes. Ainsi au vue des données génétiques existantes et de la présence d'hommes déjà passablement plus modernes et plus anciens en Afrique, les Hominidés plus récent c'est-à-dire moins de 100'000 retrouvés en Eurasie et présentant des combinaisons de traits dit archaïques et modernes, peuvent être interprétés comme étant des témoignages d'un métissages entre les hominidés présents en Eurasie depuis pas loin de 2 millions d'années et les Homo sapiens venus d'Afrique. C'est même là l'interprétation de loin la plus cohérente au regard des données génétiques, fossiles ainsi que des mécanismes ayant cours en matière d'évolution biologique.


Crâne du spécimen trouvé en Ethiopie et nommé Homo sapiens idaltu vieux de 154'000 à 160'000 ans, il demeure un des plus vieux Homo sapiens connu à ce jour.


Conclusion:

Aussi Monsieur Lugan vous vous trompez lourdement lorsque vous dites qu’André Langaney n’a plus qu’un pauvre argument à opposer aux paléoanthropologues chinois tenants du multirégionalisme, André Langaney lui-même généticien a comme nous venons de la voir, au contraire toute une série d’arguments à disposition à opposer à la thèse selon laquelle Homo sapiens serait apparu indépendamment en Afrique, en Asie et en Europe. Peut-être peut-on tout au plus reprocher à André Langaney un malheureux procès d’attention lorsqu’il parle de «nationalisme mal placé» chez certains scientifiques chinois. Cependant en tant que généticien ayant connaissances des données et études existant au sujet de l’origine de l’homme on peut comprendre que André Langaney soit pour le moins suspicieux vis-à-vis des affirmations de certains scientifiques chinois qui semblent ignorer les données génétiques existantes.

Au final je crains que ce soit bel et bien vous qui n’ayez que de pauvres arguments à opposer et qui vous adonnez qui plus est à de bien mauvais procès d’attention en reléguant des théories scientifiques pourtant sérieuses et solidement étayées au rang d’idéologies défuntes soutenu par le seul «politiquement correct». Je souhaite que mon présent message faute d'avoir changé complètement votre opinion, vous donnera matière à confronter celle-ci à des données que vous ignoriez peut-être jusqu’à alors.

En espérant que ma présente et très longue réponse n'aura pas été trop pédante.

Veuillez Monsieur recevoir mes plus cordiales salutations

* Concernant la contribution de 1% à 4% du génome des non-africains actuel par l'homme de Néanderthal et de 4%à 6% du génome des Mélanésiens par l'Hominidés de Denisova, il faut préciser d'une part qu'ils s'agit d'estimations certes fiables mais donc réalisées sur une nombre limité de variations génétiques. Cela ne veux par exemple pas dire que 1% à 4% du génome des non-africains diffère du génome des africains. Car l'Homme de Néanderthal était similaire à nous à plus de 99% et donc parmi les 1% à 4% d'ADN Néanderthaliens estimé chez les populations humaines actuels, la grosse majorité des séquences d'ADN en questions sont communes à Homo sapiens et Néanderthal donc commune aux Africain et au non-africains. Il en va bien évidemment de même pour la contribution génétique de 4% à 6% de l'Hominidé de Denisova chez les Mélanésiens actuels.

Références:

[1] Timothy D. Weaver, Charles C. Roseman (2008), New developments in the genetic evidence for modern human origins, Evolutionary Anthropology: Issues, News, and Reviews

[2] Andrea Manica, William Amos, François Balloux & Tsunehiko Hanihara (2007), The effect of ancient population bottlenecks on human phenotypic variation, Nature

[3] Alan R. Templeton (2005), Haplotype Trees and Modern Human Origins, Yearbook of physical anthropology

[4] Daniel E. Lieberman (2007), Palaeoanthropology: Homing in on early Homo, Nature

[5] Eudald Carbonell and al (2008), The first hominin of Europe, Nature

[6] Nelson J. R. Fagundes and al (2007), Statistical evaluation of alternative models of human evolution, Proceedings of the National Academy of Sciences

[7] Richard E. Green and al (2010), A Draft Sequence of the Neandertal Genome, Science

[8] Johannes Krause and al (2010), The complete mitochondrial DNA genome of an unknown hominin from southern Siberia, Nature

[9] David Reich and al (2010), Genetic history of an archaic hominin group from Denisova Cave in Siberia, Nature

[10] Hong Shang and al (2007), An early modern human from Tianyuan Cave, Zhoukoudian, China, Proceedings of the National Academy of Sciences

[11] ChangZhu Jin and al (2009), The Homo sapiens Cave hominin site of Mulan Mountain, Jiangzhou District, Chongzuo, Guangxi with emphasis on its age, Chinese Science Bulletin

[12] Richard Stone (2009), Signs of Early Homo sapiens in China?, Science

[13] Yuehai Ke (2001), African Origin of Modern Humans in East Asia: A Tale of 12,000 Y Chromosomes, Science

[14] Feng Zhang, Bing Su, Ya-ping Zhang and Li Jin (2007), Genetic studies of human diversity in East Asia, Royal Society Publishing

[15] Sohini Ramachandran and al (2005), Support from the relationship of genetic and geographic distance in human populations for a serial founder effect originating in Africa, Proceedings of the National Academy of Sciences

[16] Reid Ferring and al (2011), Earliest human occupations at Dmanisi (Georgian Caucasus) dated to 1.85–1.78 Ma, Proceedings of the National Academy of Sciences

[17] Pedro Soares (2009), Correcting for Purifying Selection: An Improved Human Mitochondrial Molecular Clock, The American Society of Human Genetics

[18] Pascal Gagneux and al (1999), Mitochondrial sequences show diverse evolutionary histories of African hominoids, Proceedings of the National Academy of Sciences

[19] Jennifer L. Caswell (2008), Analysis of Chimpanzee History Based on Genome Sequence Alignments, PLoS ONE

[20] Peter A. Underhill and al (2001), Y chromosome sequence variation and the history of human populations, Nature

[21] Ann Gibbons (2011), The species problem, Science

[22] Tim D. White and al (2003), Pleistocene Homo sapiens from Middle Awash Ethiopia, Nature

[23] Fleagle Jg, Assefa Z, Brown Fh, Shea Jj (2008), Paleoanthropology of the Kibish Formation, southern Ethiopia: Introduction, Journal of human evolution

[24] Hopkin Michael (2005), Ethiopia is top choice for cradle of Homo sapiens, Nature

[25] Mcdougall Ian, Brown, FH, Fleagle JG (2005), Stratigraphic placement and age of modern humans from Kibish, Ethiopia, Nature
[26] James Mallet (2008), Hybridation, ecological races and the nature of species: empirical evidence for the ease of speciation, Philosophical Transactions of The Royal Society

[27] Lindqvist C and al (2010), Complete mitochondrial genome of a Pleistocene jawbone unveils the origin of polar bear, Proceedings of the National Academy of Sciences

[28] Les Dossiers de La Recherche (2008), Fred Spoor : « Homo erectus africain et asiatique », La Recherche